Depuis plusieurs étés maintenant, nous allons en famille dans le Périgord… pour nous reposer. Nous avons l’habitude de courir partout tout le reste de l’année et les grands voyages sont pour nous plutôt en hors-saison. Et puis en cette période (toujours) Covidesque, nous avons même supprimé nos voyages hors de France, si ce n’est pour raisons professionnelles. Plus vraiment envie…
Tout ça pour dire que nos étés sont français… et comme la France est magnifique, on en profite !
Nous avons exploré davantage le Périgord, à raison de week-end brocantes qui nous ont permis de visiter de multiples villages trop jolis et à l’ambiance festive. Ca nous a fait du bien 😉 Nous sommes plutôt basés dans le Périgord Vert, au nord de la région, donc nous avons mis le cap au sud-ouest en direction de Bergerac.
Une visite me plaisait plus particulièrement, celle de Monbazillac avec : son château, sa cave, son vin et sa soirée festive Paradizillac !
Bergerac est à 1h de Périgueux et ensuite 10-15 minutes de Monbazillac. Nous sommes donc partis sur les coups de 8h le matin pour arriver sur place vers 10h dès l’ouverture du château, et surtout avant la trop forte chaleur… Direction la cour du château de Monbazillac en images et explications :
La cour du château
Le château de Monbazillac présente une architecture typique du milieu du 16ème siècle en combinant des éléments médiévaux (tours, douce sèche, chemin de ronde) et la finesse de la Renaissance (hautes lucarnes caractérisant la tradition française, fenêtres à croisée). L’asymétrie de la façade ajoute une note originale à la bâtisse, dérogeant ainsi que canons de la Renaissance inspirés de l’architecture antique (symétrie, régularité et harmonie).
– La fenêtre est une baie (ouverture pratiquée dans une construction) équipée d’une fermeture vitrée, permettant de laisser passer la lumière du jour à l’intérieur
– La croisée désigne un type de fenêtre à remplage (éléments fixes d’une baie) qui apparaît à la Renaissance. Elle est constituée d’un montant vertical, le meneau et d’un croisillon, nom donné à la traverse horizontale lorsqu’elle croise un meneau, formant ainsi une croix latine
– A partir de la Révolution française (1798), un impôt sur les portes et fenêtres (supprimé en 1926) amena à la disparition de beaucoup de croisées car chacune, composée de 4 panneaux, comptait pour 4 fenêtres
– La toiture très élancée et dissymétrique reflète une charpente très complexe. A Monbazillac, elle est rare et ancienne de par sa structure, car elle se subdivise en 5 fermes différentes. La ferme est l’assemblage des pièces dans un plan vertical formant l’ossature triangulaire. Les fermes sont solidarisées par des pannes horizontales portant des chevrons et la couverture. Les tours d’angle sont coiffées de poivrières (toit conique)
– La couverture est en tuiles plates et a été remaniée à la suite des nombreuses tempêtes subies depuis 1999. Les tuiles proviennent de la même tuilerie du Fleix depuis la fin du 19ème siècle
Nous avons poursuivi la visite en entrant dans le château par ce pont donc, qui surmonte les douves sèches (jamais mises en eau, puisque ce château familial n’a jamais eu besoin de devoir se « défendre »).
Tout le château est ouvert et très bien meublé – on imagine très vite la vie que pouvait avoir la famille.
Quelques photos ici des différentes pièces de vie :
L’installation de la famille de Bacalan
Originaire d’Auvergne, la famille de Bacalan s’installe en Guyenne (ancien nom d’une partie de l’Aquitaine) dès le 16ème siècle. Grande famille devenue protestante au 17ème siècle, elle compte dans ses membres un nombre important de parlementaires bordelais, notamment Arnaud de Bacalan qui laissera son nom à un quartier des bords de Garonne.
Le château de Monbazillac entre pleinement dans le patrimoine familial lorsque François-Hilaire achète l’ensemble du domaine à ses cousins, la famille d’Alba, en 1777. La famille y vivra jusqu’en 1872. Seuls trois portraits originaux nous sont parvenus : celui de la mère, Marther, de la fille cadette, Julie, et de son époux, André-Daniel.
Un terroir propice
Le territoire de Monbazillac se déploie sur les terrasses et les coteaux, de la rive gauche de la Dordogne à la rue droite de la Gardonnette. La proximité de ces rivières est un atout pour la naissance de ce grand vin.
Elles entretiennent l’humidité atmosphérique de la vallée, indispensable au développement de la pourriture noble.
Dans le paysage, le vignoble est omniprésent. Les quatre secteurs, la plaine, le versant nord, le plateau et le versant sud, offrent des variations d’exposition, de climat et de sous-sol. Ces déclinaisons se retrouveront dans les typicités gustatives et aromatique des jus.
Un vin de patience
Au fil des années, les viticult.eur.rice.s de Monbazillac veillent à la croissance saine de la vigne et au bon développement des raisins. Le cycle débute en hiver avec la taille des ceps de vignes. Tâche précise, solitaire et irréversible, elle influe sur la future récolte, mais aussi sur la plante pour de nombreuses années.
Durant le Printemps et l’été, les vigneron.ne.s coupent régulièrement les rameaux de la vigne qui poussent continuellemment. Il/elle.s travaillent le sol, l’aèrent, le désherbent et protègent la plante des maladies. A partir de fin août, les viticult.eur.rice.s n’interviennent plus, ils risquent de perturber la maturation des raisins. Il faut attendre, observer les baies mûrir et laisser la pourriture noble faire son effet.
Un vin millénaire
Au-delà de la légende, les terres de monbazillac attestent d’une production viticole dès le Moyen-Âge. Cette production a fructifié au fil des siècles, profitant de la Dordogne comme voie commerciale. La rivière n’est pas seulement une source d’humidité atmosphérique, mais joue également un rôle important dans la vie des hommes et, par ricochet, dans la mise en valeur du vignoble. L’histoire du monbazillac se mêle à l’histoire nationale : la Guerre de Cent Ans entre les anglais et les français, l’exil protestant vers la Hollande au 15ème siècle et plus récemment la création des appellations d’origine contrôlée ou le retour aux vendanges manuelles.
Le développement des marques Hollandaises :
Les exilés bergeracois en Hollande développent encore les relations commerciales entre leur ville et les Provinces Unies. Ils instaurent une véritable hiérarchie de qualité et de réputation des différentes productions de monbazillacs, avec une notion de cru. A partir de 1738, le nom de la propriété ou du lieu-dit est marqué au fer rouge sur les barriques, tel un sceau, une garantie d’authentification, un gage de qualité.
Aujourd’hui encore, sur certaines bouteilles de monbazillac, il est possible de trouver la mention “ancienne marque hollandaise”. Cela montre l’historicité des domaines.
Les étapes de vinification
1. Pour préserver le bénéfice des vendanges manuelles, le transport des grappes jusqu’au chai se fait avec le plus grand soin. Il est nécessaire de conserver l’intégrité des grains afin de limiter l’exposition des jus au champignon et une macération précoce.
2. Le pressurage consiste à presser les raisins pendant 2 à 4 heures afin d’extraire le jus. L’utilisation de pressoirs pneumatiques permet une extraction lente et progressive. Le liquide obtenu est appelé “moût de raisin”.
3. Avant la mise en fermentation, le moût doit être clarifié entre 24 et 48h. Pendant cette étape le moût est refroidi à 12°C pour faciliter la sédimentation.
4. Lors de la fermentation alcoolique, les sucres du moût se transforment en alcool et gaz carbonique sous l’action de levures, en dégageant de la chaleur, c’est pourquoi les cuves sont thermorégulées à une température de 18°C. Les levures produisent également un grand nombre de molécules qui vont contribuer aux arômes et à la sève du vin. La fermentation du monbazillac dure une quinzaine de jours, car le moût est très riche en sucres naturels.
5. Pour arrêter la fermentation tout en conservant un équilibre des sucres, l’ajout d’un anhydride sulfureux est nécessaire, c’est le mutage. Sans cet ajout, le sucre continuerait de se transformer en alcool, les vins ne seraient pas stables et complètement déséquilibrés.
6. La filtration peut intervenir à plusieurs moments dans le processus de vinification : après le débourbage, après la fermentation alcoolique et avant la mise en bouteille.
7. Après la fermentation, le monbazillac est élevé de 6 à 18 mois en cuve ou en barrique de chêne. Cette étape permet de clarifier, de stabiliser et de faire évoluer les arômes et la structure du vin. Le bois des barriques est sélectionné selon son origine et son essence, puis chauffé à une certaine température pour être mis en forme. Ce processus, qui complexifie et affine la palette aromatique, est réservé aux vins de garde.
8. Le monbazillac est un vin d’assemblage.
Le vin d’une cuve ou d’une barrique correspond à un cépage, à une trie (premier ou 2nd passage dans les vignes au moment de la vendange) et parfois à un domaine. A la fin de la période d’élevage, le maître de chai choisit différentes cuves pour créer des vins harmonieux, en structure et saveurs.
Cet article est déjà très long, mais la visite était tellement sympa que je voulais laisser une trace ici et surtout vous donner un aperçu de ce château et ses très bons vins… mais je ne pouvais pas finir sans évoquer les supers soirées Paradizillac organisées tout l’été dans le jardin du château. Chaque jeudi, le domaine organisait des soirées festives avec concert, animation pour les enfants, et apéro forcément pour petits et grands. Monbazillac produit également un jus de raisin « Petits vignerons » que notre mini a bien aimé, surtout servi dans un gobelet (offert) à l’effigie du lieu. Nous avons assisté à un concert de jazz manouche, en savourant de très bonnes planches, un bon vin tout en regardant le soleil se coucher devant nous. Paradisiaque à Monbazillac = Paradizillac !
22h30… fin de cette belle journée à Monbazillac et direction notre hôtel pour la nuit : le Ludik hôtel dans le Sud de Bergerac, très sympa et pratique pour notre mini séjour.
Château de Monbazillac
Adulte : à partir de 10€ avec un vin en dégustation + verre gravé offert
Enfant : gratuit jusqu’à 6 ans + dégustation de jus de raisin + gobelet offert
Le Bourg – 24240 Monbazillac
Plus d’infos : chateau-monbazillac.com
A proximité :
– Déjeûner à la Maison Vari
– Découverte de l’ensemble des vins de Monbazillac avec présence d’un.e vigneron.ne à
la Maison du Tourisme et du vin